Un Dieu n'imposerait pas ces règles

J’ai bu à la coupe d’eau frelatée
Saisie à la carotide par le flot
Des mots, le regard était de velours

Lourd, les larmes me sont venues
En cascade

Lexicale, logorrhée,
Poussée exutoire, le flux continuait ru régulier de syllabes
Explosives, un rire brut et je sens la nausée m'envahir

Je ne comprends pas pourquoi
Sachant cela
tu ne fais pas ce qu’il faut pour fuir ce destin

Bruine lacrymale retenue yeux mouillés luisants comme un trottoir de
Manille quand les petites filles se prostituent sous la pluie

Le charme du sourire de l’enfant moi je ne Crois pas
Un Dieu n’imposerait pas ces

Règles,
Syllabes sanglées bestiales ma luette est collée
Mon palais embué mes globes exosecs
Fixés arrimés à mes rimes désemparées mais

Il faut sauver Saousen
Amoureuse d'un autre que celui qui veut l’épouser et c’est là que

Les mots griffent mes doigts quand
Je les extrais de mes oreilles où ils prolifèrent en batterie de DCA
Il est de la famille la mère n’a pas le droit de dire
Non
Je brame
Claquement de pluie contre mes joues un dard me pique
Ma mère nous a fait jurer de ne pas nous marier avec un gars de
(Riz jeté sur les époux
youyous joyeux des moukères)

Là bas la femme n’a pas le droit
La haine me monte aux lèvres et la cigüe aigre berce mon âme d’une comptine voix de tête suraigüe
De divorcer
A Biskra

Reflux d'esclavagisme, bile de ségrégation bannis
Ailleurs, mais ici la femme se soumet
A l'homme qui se soumet
A Dieu; il faut respecter la religion, il faut, dès que

Le sang coule

Que les demoiselles au collège se lèvent
Pour chercher l’eau de la table des grands
L’être servile file doux comme un collant griffé

La demoiselle que nous élevons espoir de voir un beau brin de citoyenne
Se fane au mariage pour n’être plus
…