Brest

BREST.

S'enfiler sans paille
la rue de Siam
vers la route de la soif

PORTCO
chouchen à volonté
en terrasse
belles en débardeurs sans ambiguités
accoudées aux fenêtres des premiers
puis Rhum antique
en méditant gravos
Minstrel Boy de Joe Strummer and the Mescaleros
version Black hawk down

la Route de la Soie
version Charles Claden
Thierry choquet
et l'équipage de l'Abeille Bourbon
c'est secourir
du beau
de la faune et de la flore
de l'humain
du métal en panne
la prodigieuse diversité du vivant
à tout prix
24 heures sur 24
au large d'Ouessant
chaque jour
chaque nuit
de l'année

" Lorsque tous les autres rentrent au port,
l'Abeille Bourbon sort! "

y a pas mieux comme slogan humaniste
et chaque fois que je l'évoque
des larmes me montent aux yeux

et même si la France a tourné le dos à la mer
de réelles chances de survie
demeurent offertes aux naufragés

Porte Surcouf
comme un grand bleu armé
sous le ciel d'août
mais quelle symbolique
et toutes ces destinées maritimes
consignées dans les archives si proches

embrasser une rebelle contre cette porte
et
puis
embarquer

qui me dira
combien de destins amoureux
se sont joués là
à la roulette russe
des marées du prolétariat marin militarisé?

fuir ses zones d'ombre
quelle foutaise

ivre et tourmenté
je déchiffre Crabe-tambour
en lieu et place de Crabe-marteau
sur l'enseigne d'un resto
et les blondes bretonnes
me deviennent riantes Indochinoises faciles
des quartiers chauds de Saïgon
juste avant le saut fatal sur Dien-Bien-Phu

ne jamais courber l'échine
se propager vers les transes du grand large
vers l'imaginaire nourricier rédempteur

cesser de forger ses propres prisons
au nom de la crainte d'exister...

jim

j'ai adoré le texte, pris par le thème, évidemment on connais notre ville sauf la chute me laisse perplexe et pour moi tu as écrit une super chanson sans refrain, sans frime sans frippe, euh merci Jim

euh... merci à toi Jeff.
Et mes excuses pour le retard.
Oui, la fin de la chanson...
Mais pour ça, faut commencer par le début.
Depuis des années, je rêvais de voir Brest, la Pointe Saint-Mathieu, les phares, Ouessant, l'Abeille Flandre...
Sauf que l'Abeille Flandre, elle n'y est plus. Mais je me suis dit: tant pis, ça sera l'Abeille Bourbon. Alors, un dimanche d'été, avec ma copine de l'époque, on a débarqué sur le PORTCO et j'ai pris mon pied. Sophie est une quarteronne belgo-congolaise avec un petit air de Brésilienne, bien que réservée et timide, elle a le chic pour se faire aborder dans la rue par des inconnues et des inconnus qui ont envie de parler et ce jour-là, la règle ne fut pas trahie. Nous avons donc eu droit à des cours d'histoire, de sociologie... sur Brest. Et c'est là que j'ai compris que je débarquais peut-être un peu trop tard, que le nouveau port de plaisance et tout ça allait changer la physionomie de cette partie la ville. C'est de ce rapport au proche passé qu'est née l'idée de "mon" Brest que j'ai voulu résolument prolétaire. Alors, oui, la fin... Bein, mon personnage est de plus en plus ivre et n'arrive pas à fuir son passé. Alors, soudain, il décide de l'assumer. C'est ce que j'ai souhaité exprimer ainsi que faire un clin d'oeil à Pierre Schoendorfer que j'estime beaucoup.
J'espère avoir répondu à tes interrogations.
Bonne journée.

jim

Jim, la ville change et c'est tant mieux, le tram va permettre de remettre le centre au centre, il n'y avait plus de vie, concernant le clin d'oeil, le mien est à Miossec, tu vois le "tonnerrre de Brest" est la meilleur bière bretonne, un peu forte certe comme la tièdeur d'un matin d'été 8° mais ton texte a les trippes je le trouve très beau. jeff